C’est un revirement total de la position adoptée il y a un an, quand la Generalitat déclara qu’il s’agissait d’un pastiche réalisé au début du XXème siècle, et non d’un monument historique et architectural. Il faut dire que le professeur d’histoire médiévale de l’université de Gérone, Gerard Boto, découvreur de cette merveille sise dans le parc de la propriété d’une famille allemande, n’a pas cessé ses recherches cet été, et a même rapporté de nouveaux éléments troublants. L’été dernier, il avait dévoilé l’existence de ce cloître au cours d’un séminaire universitaire à Barcelone ; cette fois, c’est à Lisbonne qu’il a fait éclater sa nouvelle “bombe”, affirmant qu’il proviendrait des restes démontés et conservées jusqu’en 1931 sur le site de la cathédrale de Salamanque.
Des experts l’an dernier
Suite à la révélation l’été dernier de l’existence de cette merveille, d’apparence romane, un comité d’experts, composé d’archéologues, d’architectes, de médiévistes, de géologues, et même d’experts en carrières de pierres, fut dépêché sur place par les services culturels et du patrimoine de la Generalitat de Catalogne. Ces experts ont bel et bien relevé « des indices concluants au cours de l’analyse des matériaux qui indiquent que l’œuvre peut contenir un certain nombre de pièces antiques et d’éléments propres de l’architecture romane ». Les experts précisaient même qu’il s’agissait de pièces datant du XIIe siècle, ou du début du XIIIe, « provenant probablement de Castille ou de León » ! Néanmoins, la Generalitat avait conclu à un pastiche... Pour les experts, le cloître devait être inscrit à l’inventaire du patrimoine de la Catalogne « au vu de l’importance du cloître et de sa singularité », afin d’en « assurer sa conservation et l’étude ». Pour le reste de l’édifice, l’ensemble est considéré comme « une reconstruction à l’imitation d’un cloître médiéval, réalisée par d’habiles artistes et architectes », relate le rapport des experts. Il s’agit, selon eux, « d’une recréation historique de style roman ».D’où le lien fait avec l’apparition en 1933 de photos dans la presse espagnole, qui montraient le montage provisoire d’une partie du fameux cloître, réalisé par l’antiquaire Ignacio Martínez dans les jardins de la villa madrilène d’une amie aristocrate. Il espérait ainsi allécher des acheteurs américains. A l’époque, le patrimoine roman partait, pierre par pierre, vers les États-Unis. C’est bien ce qui est arrivé aux chapiteaux romans du cloître de Sant Miquel de Cuixà, totalement démolis en 1796 et remontés au... musée The Cloisters de New York ! Or, l’antiquaire Martinez était en contact avec un intermédiaire de William Randolph Hearst - le magnat de la presse, dont s’inspira Orson Welles pour son film Citizen Kane - principal “prédateur” du patrimoine européen, au début du XXe siècle. Mais la crise de 1929, puis en 1936, la guerre civile espagnole, mirent fin à ce trafic...
Jusqu’au moment où un allemand nommé Has Engelhom, propriétaire du Mas Ventós de Palamós, fit l’acquisition en 1958, pour un million de pesetas, des pierres remisées dans des caisses, qu’il fit transporter jusqu’à Palamós où il rebâtit discrètement le cloître. La révélation selon laquelle l’ancien cloître de la cathédrale de Salamanque a pu “migrer” vers le littoral catalan fait saliver les autorités de la région de Castille-et-León, qui n’excluent pas de “réclamer” ce patrimoine. Craignant sans doute une initiative de ce genre, la Generalitat avait conclu précipitamment que le cloître est un faux. Mais l’évidence a obligé les autorités catalanes à changer d’avis sur un patrimoine architectural, qui s’avère plus vrai que faux.
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